Vacances ou week-ends prolongés : les occasions de parcourir la nature ne manquent pas. Les lieux de détente et de loisirs sont toutefois prisés. Entre les marcheurs et les adeptes du VTT, les détenteurs de chiens et les cavaliers, des agriculteurs au volant d’un tracteur et des adolescents en plein pique-nique, les amateurs de fleurs et les défenseurs de la nature, les grands prédateurs et les autres animaux sauvages, les vaches et leurs veaux, de nombreux besoins et attentes se heurtent les uns aux autres. La compréhension mutuelle et le respect sont importants pour qu’une cohabitation soit possible. Nous avons réalisé un petit film en collaboration avec l’association Suisse Rando afin d’aider la population à comprendre le comportement des bovins et de prévenir des situations dangereuses.
Dans l’entretien au coin de l’étable, Hansueli Hasler revient sur deux situations délicates qui ont impliqué ses vaches allaitantes et des randonneurs, mais qui se sont heureusement bien terminées. Le sentier découverte « Lea et Ben chez les vaches allaitantes » a aussi pour objectif
de sensibiliser petits et grands de manière ludique à l’élevage allaitant. La rubrique « Vie de vache » abordera une autre problématique. Un éleveur explique qu’il porte ses animaux dans ses bras et qu’il ne recule devant rien pour assurer leur bien-être. Il met tout en œuvre pour que ses animaux puissent continuer, malgré la présence du loup, à profiter de l’air des montagnes et de la saveur des plantes alpestres.
À propos de saveur et de plantes : laissez-vous inspirer par la recette de Maja et réunissez les ingrédients nécessaires durant vos escapades dans la nature. Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir lors de vos excursions ainsi que des rencontres intéressantes et pacifiques !
(Photo: Stefanie Meierhofer)
Hansueli Hasler (HH) : C’était un dimanche. Depuis notre ferme, située légèrement en contre-haut, j’ai vu notre troupeau de vaches, en bas, courir dans un coin du pâturage. Je suis vite allé chercher des jumelles et ai constaté avec effroi que quelqu’un se trouvait dans le pâturage. J’ai sauté dans ma voiture et me suis rendu aussi vite que possible sur place. Un enfant d’une dizaine d’années était dans le pâturage, encerclé par les vaches. Sa mère, accompagnée d’un chien, se trouvait sur le sentier pédestre, de l’autre côté de la clôture.
HH : Mes vaches allaitantes ne sont pas farouches et sont habituées à la présence des humains. Je peux toutes les tenir au licol. Je ne peux toutefois pas prévoir comment elles vont réagir face à une intrusion. Mon épouse et moi-même avons déjà été attaqués par une de nos vaches qui voulait défendre son veau. Nous savons qu’il ne faut pas plaisanter avec ça.
Dans les zones résidentielles, les rencontres entre les vaches et les amateurs d’activités en plein air sont inévitables. Le travail d’information contribue à ce que ces rencontres se déroulent sans encombres et soient un plaisir pour tous (Photo : Hansueli Hasler)
HH : J’ai demandé à l’enfant ce qu’il faisait là. Sa mère m’a répondu qu’il voulait aller voir les vaches, comme il le fait aussi chez leur voisin qui est producteur de lait. J’ai expliqué que les vaches allaitantes réagissaient différemment des vaches laitières car elles protègent leurs veaux. Incrédule, la mère ne voulait pas admettre que les vaches puissent être dangereuses. J’ai demandé à l’enfant de sortir du pâturage car je ne pouvais pas porter la responsabilité de cette situation.
HH : Beaucoup de gens se promènent par ici. Les sentiers ne traversent pas le pâturage, mais ils le longent par endroits. Un jour, j’ai aperçu, à nouveau depuis notre ferme, un groupe de marcheurs sur le sentier pédestre avec un chien qui n’arrêtait pas d’aller et venir en courant dans le pâturage vers mon troupeau de vaches. Lorsque je suis arrivé vers le groupe, j’ai remarqué qu’un homme lançait une balle depuis le sentier en direction des vaches et que le chien la lui rapportait. Voilà pourquoi le chien faisait sans cesse des allers et retours. Lorsque j’ai expliqué à cette personne qu’un tel jeu pouvait être dangereux dans un pâturage avec des vaches, des veaux et un taureau, il a répondu : « Oui, j’ai pensé que cela n’était peut-être pas très malin. »
HH : J’ai installé partout les panneaux d’avertissement verts et aussi des panneaux au sujet des crottes de chien car là aussi, tout le monde n’est pas encore conscient que ces déjections peuvent être dommageables pour les animaux si elles se retrouvent dans leur fourrage. De plus, j’ai renforcé la clôture le long du sentier pédestre. Une clôture fixe serait la prochaine étape, mais je n’ai malheureusement pas le droit d’en installer une, car il s’agit d’un terrain cultivable en location. J’espère que la rangée de fil supplémentaire dissuadera les enfants et les chiens de passer dessous.
Hansueli Hasler espère prévenir les accidents entre son troupeau de vaches et les promeneurs grâce à des panneaux d'avertissement ainsi qu’un fil supplémentaire sur la clôture. (Photo : Hansueli Hasler)
HH : De la sensibilisation à l’aide de panneaux, d’articles dans les médias et surtout de discussions. Nous devons rendre les gens attentifs aux dangers. Ceux-ci doivent comprendre qu’ils doivent tenir leur chien en laisse et ne pas le laisser se promener dans le pâturage. Et ils doivent apprendre que les vaches allaitantes se comportent différemment des vaches laitières et qu’en plus, la présence d’un taureau et de veaux influence la dynamique du troupeau.
Hansueli Hasler détient 25 vaches allaitantes et parfois un taureau sur son exploitation située à Madiswil. Son troupeau se compose de plusieurs races, principalement des croisements entre Limousine et Simmental ou Swiss Fleckvieh. Environ six Natura-Beef sont commercialisés chaque année en vente directe.
L’exploitation comprend 20 hectares de surface agricole utile, dont 8 hectares de grandes cultures, parmi lesquelles du blé, de l’orge, du maïs, de l’épeautre et du colza. Le reste de la surface est couvert de prairies, de pâturages et de surfaces de compensation écologique.
Hansueli Hasler exploite seul le domaine. Il a occasionnellement recours à un dépanneur. Son épouse travaille dans le secteur de la comptabilité des soins à domicile (spitex). Elle n’est pas active sur l’exploitation agricole.
(Photo: Hansueli Hasler)
Le réseau suisse de sentiers pédestres est gigantesque : 65 000 kilomètres de chemins balisés sillonnent notre pays. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la randonnée pédestre soit l’activité sportive favorite de la population helvétique. En empruntant ces itinéraires, on peut rencontrer d’autres marcheurs, mais aussi des vaches et leurs veaux. Vache mère Suisse / Beef Event a produit, en collaboration avec l’association Suisse Rando, une vidéo « Rencontre avec des vaches ? Les bons réflexes à adopter ! ». Vous y découvrirez comment se comporter pour que ces rencontres se déroulent sans heurts pour tout le monde.
Le sentier didactique lie apprentissage et divertissement. Sur le parcours de vache-polo, on apprend notamment quels aliments sont affourragés aux vaches mères et leurs veaux. (Photo: màd)
Nous vous avions parlé du sentier découverte « Léa et Ben chez les vaches allaitantes » dans notre dernière newsletter. Celui-ci est désormais ouvert. Profitez-en pour découvrir de nouveaux horizons !
Cette année, de maintenant jusqu' à octobre, vous pourrez vous imprégner de l’élevage allaitant à Meierskappel (LU). Lors d’une promenade didactique d’environ une heure, vous apprendrez de manière ludique que les débris de verre peuvent mettre la vie des vaches en danger, quelles races de vaches allaitantes existent, quel est le meilleur comportement à adopter en présence de vaches et de leurs veaux, et bien d’autres choses encore. Une place de pique-nique avec un gril est à disposition sur le parcours. Si vous n’avez rien emporté, vous pourrez vous approvisionner en délicieux produits au magasin de la ferme Erlebnisbauernhof Gerbe.
Des recettes et un livre pour enfants « Léa et Ben – la naissance d’un veau » sont à disposition pour le chemin du retour ou pour ceux qui seraient restés à la maison.
Intéressé ? Vous trouverez de plus amples informations (pour l'instant seulement en allemand) ainsi que le plan d’accès en cliquant sur ce lien.
La santé et le développement de nos veaux sont notre priorité numéro un. Nous faisons tout pour eux. Nous les portons dans nos bras ou sur nos épaules si la situation l’exige. (Photo : Hansandrea Marugg)
Il y a deux ans, Wanja, l’une de nos vaches, a mis au monde des jumeaux sur l’alpage. Normalement, nos veaux pèsent entre 40 et 50 kilos à la naissance. Les jumeaux sont nés une à deux semaines plus tôt que prévu. L’un d’eux était vigoureux et alerte, tandis que l’autre était petit et chétif. Il ne pesait que 20 à 25 kilos et ne nous faisait pas bonne impression. Nous craignions qu’il ne puisse pas survivre sans notre aide.
Nous avons alors pris Wanja au licol et je l’ai traite à la main au milieu du pâturage. Qu’une vache allaitante se laisse traire n’est en soi déjà pas évident. Et le fait qu’elle se soit laissé traire si vite après la naissance au milieu d’un pâturage, tenue simplement au licol, tient presque du miracle. Toutefois, cela a été une aubaine pour les jumeaux, que nous avons prénommés Waleria et Wicky. Nous avons pu leur administrer à chacune un litre de colostrum au biberon (colostrum : premier lait après la naissance, très important pour le système immunitaire et la survie).
Damian Marugg aime être avec les vaches mères et leurs veaux sur l’alpage. (Photo: Hansandrea Marugg)
Nous nous sommes ensuite demandé ce qu’il fallait faire. Comme nous pensions que le vêlage se déroulerait plus tard, le troupeau allaitant se situait à ce moment-là dans une des zones les plus retirées de l’alpage, très loin du chalet d’alpage. Le plus petit des deux veaux, Wicky, avait besoin d’être surveillé et de recevoir du lait au biberon, quatre à cinq fois par jour. Le berger avait déjà assez à faire sans cela. Nous ne pouvions pas lui confier cette charge supplémentaire, d’autant plus qu’aucun chalet ne se trouvait dans ce secteur de l’alpage.
Nous avons donc décidé d’emmener Wicky avec nous en plaine. Or cela n’était pas chose aisée sur un alpage accidenté. Mon fils Damian a alors spontanément pris le veau sur ses épaules et l’a porté jusqu’en plaine. Nous avons d’abord essayé d’emprunter le chemin habituel, mais nous devions pour cela traverser le troupeau de vaches. Les vaches allaitantes sont devenues folles quand nous avons voulu passer avec le veau qui meuglait. Nous avons donc décidé de descendre le long d’une pente raide à l’arrière de l’alpage.
Nous avons emmené le veau chez un collègue détenant du bétail laitier et l’avons installé sous une lampe chauffante avec du lait. Nous lui avons donné le biberon plusieurs fois par jour.
Pendant ce temps, le berger de l’alpage a continué à s’occuper du troupeau, y compris de Wanja et de Waleria, le plus grand des jumeaux. Le veau parvenait à suivre sa mère et à la téter.
Quelques jours plus tard, nous avons emmené Waleria et sa mère à la maison. Elle était alerte et en bonne santé. Étonnement, Wanja a accepté sans problème son deuxième veau malgré le fait qu’ils avaient été séparés. Les jumeaux ont alors pu rester tous deux auprès de leur mère et téter à sa mamelle. Les deux veaux se sont magnifiquement bien développés.
Des vaches vêlaient régulièrement sur notre alpage en été. Durant la période des vêlages, le troupeau se trouvait toujours sur un pâturage proche du chalet d’alpage afin que le berger puisse surveiller les animaux et les aider en cas de problème.
Depuis l’année dernière, je n’envoie plus de vaches en fin de gestation sur l’alpage à cause des loups. Je les emmène sur un autre pâturage, le Präzer Alp, accessible en dix minutes depuis la maison. Les pâturages destinés aux vêlages sont de mieux en mieux aménagés, afin de protéger les animaux des grands prédateurs.
Le troupeau allaitant de Hansandrea Marugg sur un pâturage. (Photo : Hansandrea Marugg)
Je pense que le plus petit des jumeaux n’aurait pas survécu si un loup l’avait trouvé avant nous. Cela a été une aubaine pour nous que la mère ait été si docile, qu’elle nous ait laissés la traire et nous approcher des veaux. Cette gentillesse se serait révélée désastreuse face à un loup car la vache n’aurait alors pas défendu ses petits.
La cohabitation future avec le loup implique une contradiction et une importante difficulté pour que tous les intérêts soient pris en considération : d’un côté, nous recherchons des vaches allaitantes fiables et dociles, qui n’attaquent ni l’éleveur, ni le premier randonneur venu pour défendre ses veaux. Cependant, nous voulons aussi qu’elles se protègent elles-mêmes ainsi que leurs petits face au loup, ce qui implique un instinct maternel fort. De l’autre côté, nous souhaitons que les randonneurs puissent continuer à sillonner les Alpes en toute insouciance. Cette cohabitation ne fonctionnera qu’en cas de compréhension mutuelle et que si les règles et les avertissements sont respectés de tous.
Hansandrea Marugg, éleveur allaitant à Präz et membre du comité de Vache mère Suisse
Une vache avec son veau nouveau-né. Une naissance au pâturage est ce qu’il y a de plus naturel au monde. Il est important que les vaches allaitantes puissent vêler sur des pâturages protégés et qu’elles soient surveillées afin de les protéger des attaques de loups et d’éviter tout contact avec des randonneurs. (Photo : Hansandrea Marugg)
La flore sauvage est de plus en plus utilisée en cuisine. Si vous connaissez un peu ce qui pousse dans nos prairies, vous pouvez sans autre vous lancer dans la recette de Maja : escalopes de bœuf et pommes de terre au four. Vous trouvez la recette ici.
Tu as certainement déjà remarqué que les gagnants de certains concours reçoivent des cocardes ou des flots. Il existe aussi des concours pour l’élevage allaitant. Voici une photo du Swissopen Junior de 2017. Trouveras-tu les quatre flots sur l’image ?
Photo: Vache mère Suisse
Organise un concours avec tes amies et tes amis. Vous pouvez faire une course ensemble ou faire concourir vos animaux en peluche (important : n’allez pas dans un pâturage occupé par des vaches pour votre concours !). Mais avant cela, fabriquez des flots pour les gagnants. Vous verrez : c’est facile !
Il te faut : 4 feuilles de papier coloré de même taille, du papier cartonné coloré, des ciseaux, de la colle et un feutre.
Au fait : comme aucune manifestation n’est autorisée actuellement, le « Swissopen Junior » s’est déroulé en ligne cette année. Tu peux visionner les vidéos des enfants et des jeunes qui ont présenté leurs animaux ici. Et voici les vainqueurs, malheureusement sans flot sur la vidéo.
(Photo: màd)
Vache mère Suisse
Gass 10
CH-5242 Lupfig
Téléphone: +41 56 462 33 55
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